Ce jour là, seul dans ma grande maison, j'avais la sensation d'être abandonné. J'étais triste et fatigué de rester là, sans bouger. Durant toute cette vie, je m'étais regardé vieillir. Mes traits s'étaient tirés, mes cheveux avaient blanchi et tombaient jour après jour comme tombaient les feuilles mortes en cet après-midi d'automne. Assis dans mon fauteuil, je me sentais faiblir. Je décidai alors d'utiliser mes dernières forces pour aller faire une ultime promenade. J'enfilai donc ma pelisse, mis mon tricorne, attrapai ma canne et sortis. Je marchais tranquillement, bercé par le mouvement de ces feuilles mortes qui prennent le temps de tournoyer avec légèreté avant de se poser délicatement sur le sol. Tout à coup, je ressentis une envie irrépressible d'aller sur cette plage que je voyais au loin. Rares étaient les fois où je m'y étais aventuré, moi qui habitais une maison reculée, d'où je ne pouvais entrevoir que de vieilles bâtisses abandonnées, des ruines étouffées par la verdure qui s'y était installée.
Je m'avançai sur la grève. La mer était calme, apaisée. Je pouvais admirer les couleurs chaudes du coucher de soleil. Les lumières du ciel se reflétaient dans l'eau, à la pointe du rivage où une famille profitait de ce beau moment. Je contemplais ce père, si élégant avec son haut de forme, veillant sur deux enfants qui jouaient avec un petit drapeau, assis sur les rochers à côté de leur mère. J'eus la sensation étrange d'avoir déjà vécu cette scène, un sentiment d'éternel recommencement. Je prenais soudain conscience que bientôt je n'aurais plus aucune étape à franchir et que ces petits bateaux m'attendaient pour m'emmener rejoindre ce grand voilier ancré droit devant. Ce serait le début du voyage pour aller retrouver au loin ces navires qui disparaissaient dans la brume comme pour s'échapper de ce monde.
Certes, j'arrivais au bout de ma longue vie mais plutôt que de partir vers l'au-delà, je décidai de m'avancer afin de partager avec cette famille un peu de sa douceur de vivre.
Barbara Ruby (4°4)
Je m'avançai sur la grève. La mer était calme, apaisée. Je pouvais admirer les couleurs chaudes du coucher de soleil. Les lumières du ciel se reflétaient dans l'eau, à la pointe du rivage où une famille profitait de ce beau moment. Je contemplais ce père, si élégant avec son haut de forme, veillant sur deux enfants qui jouaient avec un petit drapeau, assis sur les rochers à côté de leur mère. J'eus la sensation étrange d'avoir déjà vécu cette scène, un sentiment d'éternel recommencement. Je prenais soudain conscience que bientôt je n'aurais plus aucune étape à franchir et que ces petits bateaux m'attendaient pour m'emmener rejoindre ce grand voilier ancré droit devant. Ce serait le début du voyage pour aller retrouver au loin ces navires qui disparaissaient dans la brume comme pour s'échapper de ce monde.
Certes, j'arrivais au bout de ma longue vie mais plutôt que de partir vers l'au-delà, je décidai de m'avancer afin de partager avec cette famille un peu de sa douceur de vivre.
Barbara Ruby (4°4)