La nuit venait juste de tomber. Je n'y voyais rien. La seule lueur, tout de même assez faible, était celle de la lune cachée de temps en temps par les nuages de brume. Je faisais ma balade habituelle du soir. quand je marchais seul, je me sentais libre, je pouvais courir dans tous les sens, me défouler et même parfois crier. Ça me détendait après une longue et pénible journée d'école passée à attendre la fin des cours. Au moins, ici, tout était silencieux. Pas comme dans la cour avec ce vacarme infernal et les petits qui courent partout en bousculant tout le monde sans même s'excuser.
Soudain, je vis une ombre au loin. Je distinguai peu à peu une silhouette humaine qui avançait très lentement. Elle était de plus en plus précise. Mon cœur battait à cent à l'heure. J'étais paralysé par la peur, incapable de bouger. De tout évidence c'était un homme. Sa peau était d'une blancheur fantomatique, son visage sans aucune ride était si lisse et dénué d'expression qu'il en était effrayant. Il avait un regard froid, comme absent. Il me fixait, ce qui avait pour effet de me rendre extrêmement mal à l'aise. Il était de taille moyenne. Ses cheveux de jais étaient parfaitement peignés. Il portait une veste noire qui couvrait une vêtement blanc tout à fait propre, sans aucune tache, aucune froissure. Dès qu'il apparut, il y eut comme une odeur de désinfectant.
"Connaissez-vous le chemin le plus rapide pour aller au cimetière?" me demanda-t-il.
Je ne répondis pas, aucun mot, aucun son ne pouvait sortir de ma bouche. Il avait une voix aigüe qui tranchait avec son physique. Dès qu'il commença à parler, sa bouche révéla des dents blanches comme la porcelaine.
J'essayais de me dire que c'était un être humain comme un autre mais je restais persuadé qu'il demeurait un danger. Alors, pris de panique, je m'enfuis lâchement en courant en ne regardant derrière moi qu'un fois hors de portée et lorsque je me fus retourné, il n'avait pas bougé.
Madeleine, 5°1 (2016)