On m’avait invité à la première d’un film d’un tout nouveau style. Je n’avais pas pris le temps de me renseigner mais je devinais sa trame. Je pris mon billet. « Salle 3, monsieur », me dit le caissier. Je me dirigeais vers la salle 3 … salle 1… salle 2… salle 3! Je poussai la porte en faisant attention à ne pas renverser mon pot de pop-corn ; j’en salivais d’avance.
La salle était grande, mais sombre. Mes yeux avaient du mal à s’habituer à l’obscurité de la pièce tant la lumière était forte dehors. Je me guidai grâce aux petites lumières au bord des escaliers, sans quoi je serai tombé. Je choisis une place qui était au milieu mais en hauteur, c’était ma place favorite. Petit à petit mon odorat commença à s’alarmer, une odeur de varech séché et de charogne empestait dans la pièce. Immonde! C’était peut-être les égouts car de grands travaux étaient menés à ce moment-là mais… aucune plaque d’égout n’était présente dans cette pièce et personne n’avait l’air gêné par cette odeur. Je résolus quand même de m’asseoir et me dis que j’allais m’habituer à cette odeur.
En m’asseyant, je trouvai que le fauteuil était agréable mais très mou… j’avais la constante sensation de m’enfoncer dans une matière organique. Je devais être fatigué de ma journée de travail et je savais que le sommeil me tentais. Je commençais à manger mes pop-corns pour passer le temps mais…. plus j’en mangeais… plus ils… me semblaient… amers !
« Ahh, quel goût horrible ! me dis-je. Même pas capables d’acheter des bons pop-corn . »
Pourtant, en les regardant, ils avaient l’air totalement normaux. Je me demandais quand allait commencer ce film car ma patience était à bout !
La projection commença enfin. Évidemment, j’eus le droit à mon stock de pubs mais dès que les lumières s’éteignirent, j’entendis un souffle… je n’y prenais pas attention mais il devenait de plus en plus fort… de plus en plus lourd comme si quelqu’un chuchotais à mon oreille ! Je tournai brusquement la tête et regardai autour de moi mais il n’y avait personne… pourtant le souffle continuait! Je n’en pouvais plus!
Je devais quitter cette salle et… pourtant… pourtant… je n’en avais plus la force. Une main invisible me tirait dans mon fauteuil et le souffle était de plus en plus assourdissant. Je voulais crier à l’aide mais aucun son ne sortait de ma bouche.
« A l’aide ! Pensai-je , à l’aide ! »
Soudain un grand noir se fit.
« Monsieur ! Monsieur ! »
Anna, 4°1, 2023.