A l'automne 1854, le photographe Félix Nadar demande au mime Charles Debureau de jouer les modèles pour une série de clichés.
Sur celui-ci, le mime s'est substitué au photographe : sa main droite tire du corps de l'appareil la plaque argentifère où la lumière a imprimé l'image ; sa gauche fait signe au sujet de continuer à fixer l'objectif.
Sur la plaque, que devrait-on voir ?
Le photographe peut-être, dans la même pose à peu près, occupé à tirer le portrait du mime Debureau en train de copier Nadar le photographe.
Mais il aurait fallu pour cela que Nadar garde la pose lui aussi, pendant près d'une demi-heure. Le mime en a été capable - après tout c'était un artiste dont le corps était l'instrument de travail, et qui savait donc ralentir ses gestes ou les suspendre indéfiniment.
Le photographe, lui, du moins à cette époque, ne pouvait capturer que les sujets figés : l'histoire ne dit pas si ce jour-là il a tenté de son côté d'égaler Debureau dans l'art de paraître vivant sans bouger d'un pouce.