Quelquefois on a un peu honte d'aimer ce qu'on aime.
Il y a, par exemple, des pans entiers de la peinture qui me laissent complètement indifférent - l'écrasante majorité, même. Et j'en ai un peu honte, donc, parce qu'à cause de cela j'ai le sentiment que quelque chose m'échappe et que je suis, en somme, mauvais élève.
Mais j'aime Thom Thomson, qui peignait à l'huile, sur de simples planches, les paysages de l'Ontario - qui peignait en plein air, à grands coups pressés, qui barbouillait, au point que van Gogh, à côté, paraît minutieux ; et pourtant ses horizons sont profondément calmes, ses ciels vibrent, et l'évidente fascination qu'il éprouvait à peindre tout cela - comme si chaque fois il avait découvert un trésor large comme l'ongle - est partout palpable.