
Çipingu est une île au Levant, qui est en haute mer, à mille cinq cents milles des terres. Elle est très grandissime. Les gens sont blancs, de belles manières et beaux. Ils sont idolâtres et se gouvernent eux-mêmes, et ne sont sous la seigneurie de nuls autres hommes, sinon d’eux-mêmes.
Et vous dis aussi qu’ils ont or en grandissime abondance, parce qu’on en trouve outre mesure en ce pays. Et vous dis qu’aucun homme n’emporte d’or hors de cette île, parce que nul marchand, ni autre homme, n’y va depuis la terre ferme. Car elle est trop lointaine, et d’ailleurs, des vaisseaux y vont rarement d’autres pays, parce qu’elle abonde en toutes choses. Et vous dis donc qu’ils ont tant d’or que c’est chose merveilleuse, comme je vous l’ai dit, et qu’ils ne savent qu’en faire. Aussi vous conterai une grande merveille d’un palais du seigneur de cette île, selon ce que disent les hommes qui connaissent le pays. Je vous dis tout vraiment qu’il a un grandissime palais tout couvert de plaques d’or fin. Tout comme nous couvrons notre maison de plomb, et notre église, de même ce palais est couvert d’or fin, ce qui vaut tant qu’à peine se pourrait compter, et qu’il n’est personne dans le monde qui le pourrait racheter. Et encore vous dis que tout le pavage des chambres, dont il y a bon nombre, est lui aussi d’or fin épais de bien plus de deux doigts. Et toutes les autres parties du palais et les salles, et les fenêtres, sont aussi ornées d’or fin. Je vous dis que ce palais est d’une richesse si démesurée, que serait trop grandissime merveille si quelqu’un pouvait en dire la valeur.
Ils ont perles en abondance, qui sont rouges, très belles et rondes et grosses et d’aussi grande valeur que les blanches et plus. En cette île certains sont inhumés quand ils sont morts, et certains autres incinérés, mais dans la bouche de tous ceux qu’on enterre, on met une de ces perles : telle est la coutume parmi eux. Ils ont aussi maintes autres pierres précieuses en bonne quantité. C’est une île si riche que nul n’en pourrait compter les richesses.
Marco Polo, Le Devisement du monde, ou Livre des merveilles, 1298.
Et vous dis aussi qu’ils ont or en grandissime abondance, parce qu’on en trouve outre mesure en ce pays. Et vous dis qu’aucun homme n’emporte d’or hors de cette île, parce que nul marchand, ni autre homme, n’y va depuis la terre ferme. Car elle est trop lointaine, et d’ailleurs, des vaisseaux y vont rarement d’autres pays, parce qu’elle abonde en toutes choses. Et vous dis donc qu’ils ont tant d’or que c’est chose merveilleuse, comme je vous l’ai dit, et qu’ils ne savent qu’en faire. Aussi vous conterai une grande merveille d’un palais du seigneur de cette île, selon ce que disent les hommes qui connaissent le pays. Je vous dis tout vraiment qu’il a un grandissime palais tout couvert de plaques d’or fin. Tout comme nous couvrons notre maison de plomb, et notre église, de même ce palais est couvert d’or fin, ce qui vaut tant qu’à peine se pourrait compter, et qu’il n’est personne dans le monde qui le pourrait racheter. Et encore vous dis que tout le pavage des chambres, dont il y a bon nombre, est lui aussi d’or fin épais de bien plus de deux doigts. Et toutes les autres parties du palais et les salles, et les fenêtres, sont aussi ornées d’or fin. Je vous dis que ce palais est d’une richesse si démesurée, que serait trop grandissime merveille si quelqu’un pouvait en dire la valeur.
Ils ont perles en abondance, qui sont rouges, très belles et rondes et grosses et d’aussi grande valeur que les blanches et plus. En cette île certains sont inhumés quand ils sont morts, et certains autres incinérés, mais dans la bouche de tous ceux qu’on enterre, on met une de ces perles : telle est la coutume parmi eux. Ils ont aussi maintes autres pierres précieuses en bonne quantité. C’est une île si riche que nul n’en pourrait compter les richesses.
Marco Polo, Le Devisement du monde, ou Livre des merveilles, 1298.