LA VOIX
Ça s’est passé une nuit. Cette nuit.
Alors que je m’étais enfin assoupi avec une certaine difficulté, mon sommeil agité fut troublé par une voix. Cette voix. Si indescriptible que je ne pus déterminer s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme, du moins, si c’était l’un des deux. Comme un murmure, pourtant si fort… Mon réveil fut mouvementé. Je haletais tel un animal assoiffé. Une transpiration glacée coulait le long de ma nuque, comme la caresse d’un mort. Mon cœur battait à tout rompre, au rythme de mes frissons. J’avais froid. Très froid. J’étais comme figé par la terreur. Voici ce que disait la voix.
« Je vis dans l’ombre. Je suis l’ombre. De mes yeux invisibles et cruels, je te vois. J’écoute tes pas, tes respirations et ton cœur, comme tu écoutes le chant des oiseaux un beau matin de printemps. Quelle douce mélodie… Je t’observe beaucoup, tu sais ? Je contemple les imperceptibles et légers mouvements de tes cils lorsque tu dors. Je pourrais te toucher… Je l’ai déjà fait. Parfois, je te souris. Mais tu ne me souris pas en retour. Dommage, je t’offre mon plus beau sourire. Ne m’entends-tu pas ? Ne me vois-tu pas ? Non, évidemment, tu ne me regardes jamais. Pourtant, ne suis-je pas sublime ? Où que tu ailles, je suis là. Mais… Qui suis-je ? »
Je cherchai dans les ténèbres de ma chambre, sans aboutir à un quelconque résultat, d'où cela pouvait bien provenir : mon esprit voulait le rationnel. Rien. Et elle continuait sans cesse, presque fredonnante... Répétant et répétant encore... Et encore. Je l'entends toujours. Elle me hante, telle un fantôme vengeur. Ces mots - toujours ces mots ! Et ce ton... Si régulier... Constant. Pareil. Le même.
Et toi qui m'écoutes, aide-moi ! Aie pitié de moi ! Sale égoïste... Fais-la taire ! Abrège ce supplice qui m'empoisonne ! Libère mon âme... L'ombre... C'est l'Ombre ! L'entends-tu ? Mais... M'entends-tu ? Je suis là. Je suis là, bon sang ! Pourquoi m'ignores-tu ? Regarde-moi ! Ne suis-je pas sublime ?
Adriana, 4°1, 2024.
Alors que je m’étais enfin assoupi avec une certaine difficulté, mon sommeil agité fut troublé par une voix. Cette voix. Si indescriptible que je ne pus déterminer s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme, du moins, si c’était l’un des deux. Comme un murmure, pourtant si fort… Mon réveil fut mouvementé. Je haletais tel un animal assoiffé. Une transpiration glacée coulait le long de ma nuque, comme la caresse d’un mort. Mon cœur battait à tout rompre, au rythme de mes frissons. J’avais froid. Très froid. J’étais comme figé par la terreur. Voici ce que disait la voix.
« Je vis dans l’ombre. Je suis l’ombre. De mes yeux invisibles et cruels, je te vois. J’écoute tes pas, tes respirations et ton cœur, comme tu écoutes le chant des oiseaux un beau matin de printemps. Quelle douce mélodie… Je t’observe beaucoup, tu sais ? Je contemple les imperceptibles et légers mouvements de tes cils lorsque tu dors. Je pourrais te toucher… Je l’ai déjà fait. Parfois, je te souris. Mais tu ne me souris pas en retour. Dommage, je t’offre mon plus beau sourire. Ne m’entends-tu pas ? Ne me vois-tu pas ? Non, évidemment, tu ne me regardes jamais. Pourtant, ne suis-je pas sublime ? Où que tu ailles, je suis là. Mais… Qui suis-je ? »
Je cherchai dans les ténèbres de ma chambre, sans aboutir à un quelconque résultat, d'où cela pouvait bien provenir : mon esprit voulait le rationnel. Rien. Et elle continuait sans cesse, presque fredonnante... Répétant et répétant encore... Et encore. Je l'entends toujours. Elle me hante, telle un fantôme vengeur. Ces mots - toujours ces mots ! Et ce ton... Si régulier... Constant. Pareil. Le même.
Et toi qui m'écoutes, aide-moi ! Aie pitié de moi ! Sale égoïste... Fais-la taire ! Abrège ce supplice qui m'empoisonne ! Libère mon âme... L'ombre... C'est l'Ombre ! L'entends-tu ? Mais... M'entends-tu ? Je suis là. Je suis là, bon sang ! Pourquoi m'ignores-tu ? Regarde-moi ! Ne suis-je pas sublime ?
Adriana, 4°1, 2024.