Ils étaient neuf ou dix. Ils emplissaient l’appartement étroit qu’éclairait / qu'éclairer / qu'éclairée une seule fenêtre donnant sur la cour ; un canapé recouvert de velours râpeux occupait / occuper / occupé au fond l’intérieur / l'intérieure d’une alcôve ; trois personnes y prenait / prenaient / prener / prenées place, devant la table servie / servit, les autres s’installaient sur des chaises dépareillaient / dépareiller / dépareillées, sur des tabourets. Il / Ils mangeait / mangeaient et buvait / buvaient pendant des heures entières. L’exubérance / l'exsubérence / l'exubérensse et / est l’abondence / l'abondance de ces / ses repas était curieuse / étaient curieuses : à vrai dire, d’un strict point de vue culinaire, il / ils mangeait / mangeaient de façon médiocre : rôtis et volailles ne s’accompagnaient / s'accompagner / s'accompagnées d’aucune sauce : les légumes étaient, presque invariablement, des pommes de terre / terres sauter / sautées ou cuite / cuites a / à l’eau, ou / où même, en fin de mois, comme plat / plats de résistance, des pattes / pâtes ou du riz accompagnaient / accompagner / accompagné / accompagnés d’olives et de quelques anchois. Il / Ils ne faisait / faisaient aucune recherche ; leur / leurs préparation / préparations les plus complexes étaient le melon au porto, la banane flambait / flamber / flambée, le concombre à la crème. Il leur fallu / fallut / falluent plusieurs années pour s’apersevoir / s'apercevoir qu’il existait une technique, sinon un art, de la cuisine, et que tous / tout se / ce qu’ils avaient par-dessus tout aimer / aimé mangé / manger n’était / n'étaient que produits bruts, sans apprêt ni finesse.
Georges Perec, Les Choses, 1965.
Georges Perec, Les Choses, 1965.