La Mère
Ce fut le jour de moisson le plus dur de ma vie; comme tous les étés, je mourrai de chaud dans ma cabine, brûlant dans une solitude des plus totales, perdu au milieu des champs dépeuplés qui s'étendaient jusqu'à l'horizon. Cette fois, j'aperçus une biche et son faon, un magnifique animal. Mais celle-ci ne se poussa pas et passa dans la fourche. Elle ressortit atrocement broyée par l'engin. On ne voyait même plus les os... Le pauvre faon, lui, semblait perdu et dépourvu de tout, il resta le regard vide devant sa mère réduite à du sang.
Je rentrai hébété de ce qui venait de se passer... Ma fille était heureuse de me voir mais ma femme paraissait plutôt énervée. Lorsque ma fille fut couchée, j'allai voir ma femme qui me reprocha encore mes retards:
"Pourquoi rentres-tu constamment à une heure aussi avancée? Tu me fais toujours du travail en plus!
_Pour aujourd'hui, une biche est passée dans la moissonneuse et j'ai dû nettoyer... m'excusai-je.
_Je ne supporte plus que tu passes ta vie dans tes champs, ni d'avoir pour voisin que du blé ou des tournesols! On a déjà quarante ans, mais regarde-toi, tu parais si vieilli... Prenons l'argent que nous avons, vends tes machines et tes terres et partons en ville. Au moins pour notre fille", m'implora-t-elle. Je refusai malgré l'insistance qu'elle y porta, je ne pouvais me résoudre à quitter mes champs...
Le lendemain, je rentrai pour déjeuner mais je ne trouvai personne... La voiture avait disparu. Et tout l'argent caché dans l'énorme pot de l'armoire de la cuisine aussi! Horrifié, horrifié j'appelai ma femme partout dans la ferme! Je n'eus aucune réponse...
Comprenant qu'elle était partie, je sentis un vide entrer en moi. Me laissant vivre peu à peu... Sombrant dans la mélancolie... Tous les jours se ressemblaient et mon estomac se vidait... Deux passèrent, je ne pouvais plus me rendre dans les champs, les réservoirs asséchés sans rien pour les remplir m'empêchaient d'aller gagner quelque chose. Pris dans cette spirale, je perdis espoir...
Aux dernières lueurs du quinzième jour après le départ de ma femme, on frappa à la porte! Étonné, je me levai du canapé, qui était devenu mon dernier ami, et ouvris... Je vis ma fille, des plus pâles, les yeux perdus dans le vide, elle paraissait ne plus rien voir, extrêmement choquée. Derrière elle, se tenaient des gendarmes. Déstabilisé, je ne compris que vaguement la raison de leur présence... Jusqu'à ce qu'ils m'annoncent que ma femme et ma fille avaient eu un violent accident auquel seul ma fille avait survécu. Ils restèrent chez moi le temps que je finisse par tout comprendre.
Tourmenté, je réussis enfin à demander:
"Avez-vous trouvé, même un peu, de l'argent près d'elle?
_Vu l'état de la voiture, peu de chance. Mais vous avez votre fille et elle est en bonne forme!"
Lucille Seure (4°1)
Je rentrai hébété de ce qui venait de se passer... Ma fille était heureuse de me voir mais ma femme paraissait plutôt énervée. Lorsque ma fille fut couchée, j'allai voir ma femme qui me reprocha encore mes retards:
"Pourquoi rentres-tu constamment à une heure aussi avancée? Tu me fais toujours du travail en plus!
_Pour aujourd'hui, une biche est passée dans la moissonneuse et j'ai dû nettoyer... m'excusai-je.
_Je ne supporte plus que tu passes ta vie dans tes champs, ni d'avoir pour voisin que du blé ou des tournesols! On a déjà quarante ans, mais regarde-toi, tu parais si vieilli... Prenons l'argent que nous avons, vends tes machines et tes terres et partons en ville. Au moins pour notre fille", m'implora-t-elle. Je refusai malgré l'insistance qu'elle y porta, je ne pouvais me résoudre à quitter mes champs...
Le lendemain, je rentrai pour déjeuner mais je ne trouvai personne... La voiture avait disparu. Et tout l'argent caché dans l'énorme pot de l'armoire de la cuisine aussi! Horrifié, horrifié j'appelai ma femme partout dans la ferme! Je n'eus aucune réponse...
Comprenant qu'elle était partie, je sentis un vide entrer en moi. Me laissant vivre peu à peu... Sombrant dans la mélancolie... Tous les jours se ressemblaient et mon estomac se vidait... Deux passèrent, je ne pouvais plus me rendre dans les champs, les réservoirs asséchés sans rien pour les remplir m'empêchaient d'aller gagner quelque chose. Pris dans cette spirale, je perdis espoir...
Aux dernières lueurs du quinzième jour après le départ de ma femme, on frappa à la porte! Étonné, je me levai du canapé, qui était devenu mon dernier ami, et ouvris... Je vis ma fille, des plus pâles, les yeux perdus dans le vide, elle paraissait ne plus rien voir, extrêmement choquée. Derrière elle, se tenaient des gendarmes. Déstabilisé, je ne compris que vaguement la raison de leur présence... Jusqu'à ce qu'ils m'annoncent que ma femme et ma fille avaient eu un violent accident auquel seul ma fille avait survécu. Ils restèrent chez moi le temps que je finisse par tout comprendre.
Tourmenté, je réussis enfin à demander:
"Avez-vous trouvé, même un peu, de l'argent près d'elle?
_Vu l'état de la voiture, peu de chance. Mais vous avez votre fille et elle est en bonne forme!"
Lucille Seure (4°1)