Marie
avait toujours vécu seule une existence ennuyeuse avec ses parents,
ponctuée de routines incessantes et de banalités. Mais, elle décida
un jour de partir pour vivre une vie meilleure.
Sauf que Marie ne connaissait rien à la ville, ayant toujours vécu
seule avec ses proches, n'ayant même jamais été à l'école. Ainsi
quand elle rencontra ce premier homme, brun, avec des yeux
magnifiques et envoûtants, elle crû à l'amour fou. Seulement,
après l'avoir séduite et avoir vécu plusieurs années avec elle,
il l'épousa et changea.
Tous
commença au retour du travail de Hash, son mari, plusieurs mois
après leur mariage. Il revint ivre puis quand Marie l'approcha, le
croyant malade, il lui prit les cheveux, la tira vers le sol et
commença à lui asséner des coups de pieds furieux, la frappant
jusqu'à ce qu'elle ne put plus se débattre puis sombra dans un
sommeil comateux. Marie se traîna jusqu'à la salle de bains et
rinça ses plaies en poussant des gémissements de douleurs. Le
lendemain, Hash vint la voir en pleurant : «
Oh mon dieu ! Marie ! Mais comment ai-je pu te faire ça ! »
Marie
lui pardonna. Comment ne pas pardonner ces yeux ? Marie lui pardonna
toujours.
Mais
des années de blessures et de larmes pardonnées plus tard, le jour
de leur anniversaire de mariage, elle apprit qu'elle était enceinte.
Elle fut tout d'abord émerveillée, elle essaya instinctivement de
porter une main à son ventre mais à la place, encore meurtri de la
veille elle poussa un gémissement de douleur, et tout lui revint
comme si quelqu'un l'avait forcée à oublié puis avait lâché
prise : la rage de la veille dans ses yeux, ses mains dures et
froides, sa force dans ses sévices, toutes ces larmes versées par
Marie essayant de s'échapper. Et Marie eut peur. Pas pour elle mais
pour son enfant, et si c'était une fille ? Elle effaça des images
de sa fillette se faisant rouer de coups et appelant à l'aide qui
lui venaient. Plusieurs mois après cette scène, elle accoucha de
son enfant, une magnifique petite fille nommée Lucie et tenta de
s'enfuir avec elle de nombreuses fois, mais il les rattrapait
toujours, les ramenant avec lui, avec toujours la même promesse :
qu'il changerait,
et à son retour il était encore plus furieux que d'habitude et donc
encore plus cruel. Mais un jour comme les autres où Hash était
ivre, il prit Marie par le cou et commença à l'étrangler. Marie
savait qu'il suffisait de ne pas penser à l'instant présent et de
penser plutôt à sa petite fille, qui dormait tranquillement en
haut, mais, tandis qu'elle était enfermée dans son îlot de
souvenirs heureux, Hash la ramena brusquement vers lui, ses mains
menaçant toujours son cou et lui murmura des mots durs et froids
avec une expression rieuse qui noya l'île de Marie : «
Une fois que j'en aurai fini avec toi, je ferai un tour dans la
chambre de Lucie. »
Marie
était épouvantée, elle entendit la vérité résonner dans ses
paroles. Elle suffoqua soudainement,la prise de son mari se
resserrant, sans s'arrêter. Elle chercha quelque chose sur le buffet
de la cuisine qui lui meurtrissait le dos. Elle saisit un couteau et
le lui planta dans le cou. Il la lâcha sans un mot puis tomba à la
renverse. Elle fut muette d'horreur, mais quelques minutes plus tard
à contempler son mari mort, des larmes de douleur et de détresse
lui vinrent aux yeux.
«
c'est tout Mme Lab ? Et vous « prétendez » que pendant 12
ans, votre mari respectable, Mr Lab qui a dirigé notre ville durant
de nombreuses années, vous a battue, sans aucune preuve ni aucun
témoin ? Vous plaisantez quand même ! s'écria le procureur.
Nous
avons trouvé dans la chambre de votre mari son journal dans lequel
il était noté qu'il vous soupçonnait d'en vouloir à sa fortune.
Je crois plutôt que vous l'avez assassiné de sang froid pour
hériter ! Je demande la peine de mort ! »
Marie
ne dit rien de plus que son témoignage, elle regrettait son geste,
son mari souriant lui manquait tellement qu'elle aurait même aimé
qu'il la battît encore rien que pour voir son visage.
Bien
sûr, les habitants de sa ville étaient pour la peine de mort.
«
Comment a-t-elle pu faire ça à notre merveilleux maire ! s'écria
la boulangère.
-Qu'on
la tue ! » cria sa voisine.
Quand
on emmena Marie vers les portes qui la condamneraient, elle entendit
les dernières paroles qu'elle entendrait jamais, murmurées avec
haine et dégoût par un villageois : «
De toute façon, j'ai toujours su que cette fille était inhumaine !
»