Le docteur Vernand, un médecin traitant, avait invité un confrère, deux savants et un journaliste à dîner chez lui, au-dessus de son cabinet médical. Dès qu’ils furent installés, le docteur les remercia d’avoir accepté son invitation et dit :
-La raison pour laquelle je vous ai fait venir, est que je fais le même rêve très souvent, qui un jour sur deux est parfaitement identique et m’intrigue énormément.
Les savants se regardèrent et le journaliste lui répondit :
-C’est très étonnant mon cher docteur, racontez-nous ce rêve qui vous tracasse tellement.
Le docteur prit une grande inspiration et commença :
-Je me trouvais devant ce parking vide et grand, entouré de magasins luxueux mais qui semblaient tous désaffectés. De chaque côté de l’entrée du parking deux arbres se dressaient penchés en avant, vieux, sans feuilles distinctes, et qui me semblaient vouloir s’écrouler d’une minute à l’autre. Lorsque je remarquai une voiture qui venait de nulle part et me fit frissonner. Cette voiture était un débris, rouillée de partout et qui ne semblait pas avoir roulé depuis des années. Mais à chaque fois que je la remarquais, elle allait toujours se garer à la même place, de la même manière. Quand j’avais la chance de l’apercevoir entrer, elle suivait toujours le même trajet pour aller à cette place qui paraissait unique par rapport aux autres. Le véhicule faisait tout d’abord un grand tour du parking, lentement, puis arrivé de nouveau devant l’entrée il se précipitait à sa place.
-Et après ?? demanda le journaliste.
-Je me réveille… répondait le docteur dans un soupir.
-Mais que faisiez-vous ? insista le journaliste.
-Au début, les deux premiers jours, je me préparais comme à mon habitude, mais quand j’allais enfiler mes chaussures, il y avait de la boue dessus, la même que celle du parking désaffecté de mon rêve. Mais ma femme… ma femme, elle ne la voyait pas ; j’avais beau essayer de la lui faire sentir, elle ne sentait rien, elle me prenait pour un fou et ma fuit parce qu’elle avait peur… peur… oui, peur de moi !!!
-Qu’attendez-vous de nous ? s’impatienta son confrère. Qu’on vous la ramène ?
-Non !... non, surtout pas !!!... Je… Je veux que vous voyiez ce que je vois tous les matins, que vous ne me preniez pas pour un fou ! Je veux que vous voyiez la boue de vos propres yeux… paniquait le docteur.
–Allons, calmez-vous Vernand ! dit doucement un des savants.
–Oui, reprit l’autre, mais il est tard, nous allons devoir rentrer chez nous, continua le savant.
Ils quittèrent la pièce, laissant le docteur Vernand dans sa folie.
Emilie Gaudin (4°4)