7:30, heure du réveil, la lumière éclatante du matin me fait ouvrir les yeux. Mon corps maigre et faible se glisse lentement hors de mon lit. Autour de moi, une toute petite chambre, entièrement ou presque vide, seulement une planche de bois qui me sert d’étagère pour y poser les quelques romans que j’ai pu sauver avant la destruction de la surface de la terre.
Ces romans me font repenser à la journée de mon onzième anniversaire, au soleil qui m’illuminait de la tête aux pieds. Un champ de fleurs et un cerisier me rendaient heureuse. Il y avait aussi, a ma gauche, une porte qui grinçait énormément. Derrière cette port, surgit un homme. Il était grand, trapu, imposant, les cheveux long, bruns et moustachu. Il contrôla ma chambre et ressortit sans un seul mot avec mon tableau d’un coucher de
soleil que j’avais récupéré en même temps que les les romans. Ce n’était pas un chef d'oeuvre mais il venait de moi, peint de mes propres mains, tiré d’un de mes plus beaux souvenirs.
8:00, le petit déjeuner était servi pendant seulement cinq minutes. Je me précipitais tous les matins. Mon corps en avait fortement besoin, les portions me semblaient être des demi-portions. Elles étaient composées d’une tartine un peu trop brûlée et d’une confiture de fraises créée en laboratoire par mes soins.
8:15, le travail commençait à peine, et j’avais déjà envie de rentrer dans ma petite chambre déprimante, de m’allonger, de prendre un roman et d’entrer petit à petit dans l’univers de l’histoire, mais cela n’était absolument pas possible. Comme tous les matins, j’enfilai ma blouse blanche qui tirait un peu sur le jaune, et j’entrai dans le laboratoire de création d’aliments chimiques. La pièce était calme comme à chaque fois que je venais au laboratoire. L’odeur des ingrédients chimiques me donnait l’envie de vomir. La pièce était d’un blanc indescriptible ce qui me faisait un effet d’énormité, elle avait beau faire cinquante mètres carré j’avais l’impression qu’elle en faisait dix fois plus. Il y avait aussi tout le nécessaire pour mélanger et créer de nouvelles choses : une nouvelle confiture, une viande, des pâtes et parfois même des légumes, mais la plupart du temps ces aliments intoxiquaient les habitants du sous-sol de la terre. Je me sentais tout le temps coupable lorsque cela arrivait.
Mais je ne pouvais pas arrêter de travailler car sinon ils m’exécuteraient sur place, et je ne voulais pas continuer car cela tuait des personnes innocentes qui n’avaient rien demandé ou rien fait de mal. Mais ce que moi je voulais ne comptait aux yeux de personne à part moi.
Carla, novembre 2019.