Je venais de rater le dernier bus de 20h pour rentrer chez moi. La seule solution qui s’offrait à moi était de faire du stop. Je me positionnai sur le bord de la route de la départementale. Au bout de cinq minutes, une vieille camionnette grise s’arrêta à ma hauteur.
Un vieux monsieur, aux cheveux longs attachés par une queue de cheval, proposa de me ramener. Je montai dans le véhicule. Le tissu des sièges était taché et déchiré par endroits. J’indiquai au chauffeur l’adresse où il devait me déposer. Il me souriait et subitement, une forte odeur d’alcool arriva jusqu’à mes narines. Ses joues étaient rouges et ses yeux injectés de sang. Ses vêtements étaient sales et sentaient la transpiration. Le sol était jonché de détritus et de canettes de bière vides.
Il commençait à me poser beaucoup de questions, ce qui me dérangea. Je serrai de plus de plus en plus fort mon sac à dos contre moi. D’un seul coup, il condamna les portes et changea de direction. Je lui demandai pourquoi il prenait une autre route et il m’indiqua que c’était un raccourci. Nous traversions une forêt de sapins dont les branches tanguaient sous le vent. Le bruit de la pluie sur les vitres me fit trembler et j’étais pétrifié à l’idée d’être kidnappé.
Il emprunta une petite route en mauvais état, ce qui nous éloignait de plus en plus de la ville. J’étais tétanisé, je ne connaissais pas du tout ce raccourci. De plus, son attitude avait changé, il ne me décrochait plus de petits sourires et ne me questionnait plus.
Il arrêta la camionnette devant un chalet en bois, en très mauvais état et rongé par les termites. Le bois était humide à cause de la pluie et moisi, avec des champignons sur la façade. Je lui demandai pourquoi on s’arrêtait à cet endroit. Il me répondit que c’était chez lui et qu’il devait d’abord récupérer un outil à réparer en ville. Je pensais l’attendre dans la voiture, mais il m’invita à boire un chocolat chaud en me voyant grelotter. Sa proposition ne ressemblait pas à une invitation mais à une obligation.
Je descendis de la voiture et me dirigeai vers cette sombre maison entourée de sapins. Il ouvrit la porte et une odeur nauséabonde arriva à mes narines. Lorsqu’il alluma la lumière, je fis un pas en arrière quand je découvris des têtes d’animaux empaillés sur les murs, qui me regardaient. Il se dirigea vers la cuisine et m’invita à m’asseoir. Sur la table, il y avait de la vaisselle sale et des aliments pourris. Une odeur désagréable me donna envie de vomir.
Je n’avais plus qu’une idée en tête : fuir cet endroit et ce vieux monsieur qui me terrifiait.
Léa, 5°6, 2021.