A cette époque, je venais de m’installer dans un petit village s’appelant Mortery. J’avais acheté une sorte de grand hangar : il était vide et poussiéreux. On y voyait de grandes poutres en bois qui soutenaient la toiture et d’immenses fenêtres éclairaient la pièce.
De l’autre côté, il y avait un magnifique jardin avec des fleurs de mille couleurs. Une semaine après, je vis une affiche sur un panneau en me promenant, signalant qu’une brocante avait lieu le lendemain. Je voulais y aller mais par quel moyen ? Je n’avais pas de voiture.
J’avais bien une bicyclette mais elle était rouillée et hors d’état de fonctionner. Soudain, j’eus une idée. J’allais m’efforcer d’y aller à pied. C’était décidé. J’avais juste à prendre une bouteille d’eau et un peu d’argent et le tour était joué. Quand j’arrivai sur place, je fus très étonné de remarquer un sublime Polaroïd des années 70 posé sur un stand dans ma direction comme s’il n’attendait que moi.
« Bonjour Monsieur, lançai-je au vendeur.
- Bonjour Monsieur, me répondit-il.
- Combien pour le Pola ? » demandai-je.
Le vendeur ravi de se débarrasser de son objet vintage, me le laissa pour vingt euros et m’offrit en prime une pellicule. Très heureux et excité d’essayer mon nouvel appareil, je rentrai chez moi. Mon chat m’attendait sagement sur son fauteuil préféré. Dès que je l’aperçus, je me dis qu’il serait un excellent modèle pour réaliser ma 1ère photographie. Mais soudain, il déguerpit. Il ne restait que moi comme modèle vivant dans cette maison.
Je n’eus alors pas le choix : le selfie s’imposait. Je saisis mon Polaroïd et me pris en photographie mais la photo avait du mal à sortir de sa boîte. Je me rendais compte que plus la photo sortait moins je voyais. J’avais mal aux yeux. Je sentis que la photo était prête mais je ne voyais rien. Tout était noir, j’avais peur. Etais-je devenu aveugle ? Je le croyais bien !
Clara (4°1)