Les grandes marionnettes du Bunraku jouent des drames complexes. On a pu les comparer aux drames et aux tragédies du théâtre d'Europe.
On doit être à trois pour les manipuler : c'est pourquoi trois ombres vêtues de noir les escortent constamment à travers toute la scène. Deux de ces ombres ont le visage couvert ; la dernière, celle qui se charge d'animer le visage et la main droite de la marionnette, est tête nue.
Il faut des années d'apprentissage avant d'avoir le droit d'animer la tête.
Sur la droite de la scène, un artiste récite le texte de la pièce : sa voix accompagne les émotions des personnages, les amplifie pour les rendre plus perceptibles. Elle raconte aussi. Elle chante tout cela, dans la tradition du chant propre au Japon.
Rien n'est donc caché du dispositif qui fait prendre vie aux marionnettes ; on ne peut ignorer qu'on est au théâtre ; et pourtant il semble qu'on l'oublie très vite et que l'on puisse être touché par le destin de ces morceaux de bois parés et peints que l'on fait bouger devant nous.