C’était une retraitée de 67 ans, elle s’appelait Thérèse. Elle vivait avec son mari, André, un ancien garagiste, dans un vieil appartement aménagé au dessus de l’atelier. Ce garage était fermé depuis plusieurs années mais on se serait cru chez un ferrailleur. Au beau milieu de ce bazar, on trouvait des outils de toutes sortes, une multitude de bidons d’huile vides, trois voitures hors d’usage, un vieux Vespa et même un Solex. Tout était recouvert d’une épaisse couche de poussière ce qui rendait ce lieu encore plus repoussant. Cette femme passait une bonne partie de la journée enfermée à l’étage à faire du ménage et du rangement. Elle allait souvent sur son balcon qui donnait sur la terrasse de ses voisins. En fait, elle les espionnait tout le temps parce qu’elle était persuadée qu’eux l’espionnaient aussi. Lorsqu’elle se promenait dans le village, elle passait pour "la gentille petite vieille" du coin mais elle cachait bien son jeu. En effet, derrière son sourire, elle dissimulait un esprit torturé. Elle marchait courbée, toujours vêtue d’un tablier et ce que les gens voyaient de cette femme, n’était qu’une simple première impression. Au fond d’elle, elle ressassait en permanence des souvenirs atroces de son lointain passé, ce qui la rendait méchante et parfois même violente. Un soir, son mari rentra plus tard que d’habitude. Dès qu’elle l’entendit, elle bondit en haut de l’escalier et l’interpella, agressive: " Où t’étais encore? Hein? J’t’attendais pour manger mais t’étais pas là! Hein? -Je discutais avec le voisin. C’est tout. Pas la peine d’en faire un plat!" répondit-il calmement. Furieuse, elle alla chercher ses affaires et les lança sur lui depuis le palier. Elle lui balançait chaussures, pulls, pantalons en vociférant puis d’un coup, à court d’idées, elle s’arrêta net et se précipita dans son lit comme si rien ne s’était passé. Le lendemain matin, à nouveau seule, elle alla étendre son linge sur la terrasse. En face, Bernadette, sa voisine qui buvait tranquillement son café, la vit arriver et détala aussitôt. Thérèse, la voyant s’enfuir, s’énerva, jeta sa panière et commença à la couvrir d’insultes. Elle s’empara d’un pot de fleurs qu’elle projeta dans sa direction et récupéra des cailloux dont un gros qu’elle lança si fort dans la fenêtre qu’elle se brisa. La voisine, apeurée, appela à l’aide mais Thérèse arracha le grillage de la petite clôture qui les séparait, ramassa les débris de verre qui jonchaient le sol et se précipita sur elle pour lui crever les yeux. Finalement, elle l’attrapa et ne supportant plus ses cris, lui fracassa la tête contre la rambarde en fer forgé. Hystérique, elle la traina ensuite jusque dans le garage, vida un bidon d’essence sur son corps inerte, courut chercher des allumettes et mit le feu... Elle restait là à la maudire, quand soudain, elle s’effondra brutalement. Son cerveau n’avait pas résisté!