Comme tous les matins, elle se réveilla, se leva et alla prendre son café.
Elle remplit la cafetière, prit une tasse et versa la boisson.
Elle regardait par sa petite fenêtre le vide.
Il n’y avait rien, pas une voiture, personne. Mais c’était normal, car à cette heure-ci, il était interdit d’être dehors. Les seuls trajets autorisés étaient destinés à se rendre sur le lieu de travail et à en revenir.
Toute autre activité était interdite.
Les gens ne pouvaient sortir car le gouvernement n’autorisait pas cette option ; si par malheur une personne quelconque s’aventurait dehors, elle disparaissait.
« Numéro 64 » (c’est comme ça qu’on la nommait) s’habilla avec son uniforme de tous les jours et c’était le même pour tout le monde.
Puis elle tendit le bras, attrapa la poignée et ouvrit sa porte pour aller suivre de nouvelles instructions données par son supérieur.
« Numéro 64 » n’était pas heureuse, elle se sentait mal, angoissée tout le temps. Elle ne cessait d’avoir le ventre noué.
Elle ne devait rien faire qui pourrait déplaire à, ou contredire, son patron. Tout cela devenait pour elle trop compliqué.
Sur le chemin, la jeune fille tremblait et se mordillait les doigts. Elle en avait assez d’être toujours seule, de ne jamais parler à personne alors que ce monde l’effrayait. Elle travaillait sans cesse et toujours à la même heure, au même endroit.
Elle continua de marcher, aveuglément.
Ses pas étaient rapides, elle marchait dans la boue, et il pleuvait, tout était sombre.
La cloche sonna 8h00.
Elle eut un vague sursaut, puis elle aperçut une ombre ; c’était quelqu’un qu’elle connaissait bien. Ils travaillaient ensemble.
« Numéro 64 » était rassurée.
La vie reprenait son cours, mais elle entendit une voix dans un micro qui disait :« A tous les citoyens : comme tous les mois nous vous informons de ce qu’il se passe. Vous ne pouvez pas sortir car à l’extérieur de votre maison, les invasions d’insectes se multiplient. Nous vous souhaitons une merveilleuse journée. »
Une fois l’annonce terminée « Numéro 64 » avait bien compris que cela était faux car tous les mois, les raisons pour lesquelles il était strictement interdit de sortir étaient différentes.
Le monde dans lequel elle vivait était dur car elle rêvait de pouvoir de sortir comme elle le voulait. Elle voudrait juste pouvoir s’échapper de cet endroit affreux.
Elle ne désirait qu’une toute petite chose : partir et voir le monde extérieur, découvrir les paysages,
voir de nouveaux visages, se faire des amies, aller se promener ou encore aller pique-niquer par une belle après-midi, simplement VIVRE.
Comme à son habitude elle s’acharnait sur le travail qu’on lui imposait, elle attendait avec nervosité le moment où elle pourrait rentrer chez elle.
La deuxième horloge sonnait 18h10.
« Numéro 64 » sourit et partit, faisant le même chemin qu’elle avait emprunté plus tôt dans la journée.
Une fois rentrée à son domicile aux murs bleu pâle avec quelques touches de rose, elle alla s’installer convenablement dans un fauteuil gris chiné, buvant, une nouvelle fois, un café.
Elle méditait sur sa journée, essayant tant bien que mal de relever quelques points positifs.
Malheureusement, et comme tous les jours, elle n’en trouvait que très peu.
Comme tous les soirs « Numéro 64 » réchauffa son dîner préparé la veille. Puis elle alla s’installer sous les draps, prête à s’endormir.
Mais une pensée l’obsédait :
« A quoi bon vivre cette vie horrible pour au final mourir sans avoir rien vécu.
Quitte à mourir autant que ce soit pour une chose qui en vaut la peine !
Essayer de SORTIR ! »
Ce soir là, « Numéro 64 » s’endormit en se disant qu’il fallait tout faire pour se rebeller et vivre enfin SA VIE !
Julie, novembre 2019.