L’enfant en était arrivé à considérer ces vivants mystérieux, cruels, retors et chargés d’histoires malhonnêtes comme un peuple dont il fallait se garder à tout prix. Plus tard, grâce aux discours de Petit-Pierre, il se créa de la vie une idée particulière que le milieu infernal où il se développait ne pouvait que fortifier. La vie lui apparaissait comme une catastrophe lointaine, si lointaine qu’il ne parvenait pas à en préciser les dimensions. Mais il subissait un affreux frisson chaque fois qu’il y songeait avec un peu d’attention. Sa jeunesse, d’ailleurs, ne lui permettait que des méditations assez brèves.
Pierre MacOrlan, Roi rose.
Pierre MacOrlan, Roi rose.