1.
Le voyage vers les tranchées était lancé. Le chemin qui les reliait au point de stationnement était creusé trois mètres en dessous du niveau du sol, protégé par des sacs remplis de quantités énormes de matériaux. La fosse n'était pas très large, juste assez pour que tout l'équipement des soldats puisse passer. Le sol était recouvert de flaques d'eau trouble. Personne ne savait ce que contenait cette eau. Au fil des pas, les paysages changèrent de forme, devinrent désertiques, l'herbe fit place à de la boue et les arbres perdirent leurs feuilles à mesure que le front s'approchait. Les obus tombaient de plus en plus proches de nous et leurs bruits étaient devenus réguliers. A l'heure de midi, nous fîmes une halte pour manger. Deux kilomètres seulement nous séparaient du front.
Hugo
2.
Il était huit heures du matin. J'étais avec mes amis que je me suis faits dans les tranchées, Paul et Philippe. On parlait de tout comme de rien, par exemple de nos familles,de nos régions, pour voir qui avait la plus belle vie.
On avait vu le commandant qui nous dit de rentrer dans nos guitounes, de charger notre barda et on partit dans les tranchées.
On fit les hommes forts mais on avait peur. Avant de partir j'adressai une dernière prière au Ciel, pour demander de rester en vie.
Dairick
3.
J’avais perdu plus d’un frère aujourd’hui, comme de plus en plus chaque jour.
Recouvert de boue et de chair, reclus dans ma guitoune avec quelques autres soldats, épuisé, je voyais maintenant tout en double ; j’avais la tête qui tournait. Deux semaines après mon arrivée dans ce régiment où le temps me paraissait plus long, je m’efforçais encore de défendre mon pays, mes couleurs. Mon commandant vint interrompre mes songes. quelques jours plus tôt, j’avais appris que la permission à l’arrière m’était accordée.
Le camion était prêt.
Constance
4.
Je remontais péniblement le champ de bataille. Boitant entre les cadavres, français et allemands, en direction de notre tranchée avec les survivants de notre bataillon. Je ne sentais plus ma jambe droite, ensanglantée et mutilée. Nous étions une quarantaine à avoir survécu. Un véritable carnage ! Nous n’avions même plus envie de vivre. Cette bataille restera gravée dans ma mémoire, comme un cauchemar. Nous avions hâte de retourner à notre tranchée : malheureusement nos hommes tombaient comme des mouches, succombant à leurs blessures. Nous les aurions aidés si nous n’avions pas perdu notre humanité. A peine dix de nos quarante survivants atteignirent la tranchée.
Théo
5.
Je n'arrivais pas à marcher à cause de cette boue jaunâtre sous mes pieds. Il fallait quand même que je me force afin d'éviter les obus qui ne cessaient de pleuvoir. Tout à coup, j'eus un vertige, je m'arrêtai un instant. Je marchais de travers, comme si j'étais saoul. Je m'écroulai à terre, dans la boue. Je me réveillai, mais c'était étrange, je ressentais une sensation agréable. C'était comme si je m'étais transporté ailleurs : j'étais dans un lit, sous une couverture, chez moi ...
Alexandre
6.
J'étais assis au coin du feu ; je contemplais la pluie qui tombait lentement, goutte à goutte,sur les branches, les feuilles...
Mais cet instant d'absence et d'inattention fut de courte durée : très vite les gouttes s'étaient changées en sable,comme le temps dans un sablier, grain par grain. Les fleurs et les feuilles de couleurs d'un naturel si vif et d'une émotion si gaie s'étaient changées en forêts obscures et vierges. Et puis je redoutais l'arrivée du fantôme de mon frère, lui qui ne me faisait jamais faux bond, qui me posait cette question atroce : " Pourquoi ? Pourquoi ce jour-là m'as-tu laissé pour mort ? "...
Maxence
7.
Cela faisait des heures que les Allemands nous attaquaient en masse. Il était difficile de se protéger : tous les jours au moins un de mes camarades était tué. À côté de moi, du sang. Je voyais de la peur sur le visage du jeune garçon. Toutes ces morts autour de lui le tétanisaient.
Marie
8.
… Cette vision me fît me rappeler, la détresse de tant de familles surmontant tant de solitude au départ de leurs hommes, partis vers cette guerre qui n'en finissait pas. Ce front rempli d'hommes de tous âges, essayant de survivre, sans se faire tuer, dans des conditions si difficiles qui peut-être les tueraient avant. Ces conditions de vie vers lesquelles je partais, seul également.
Arrivé au poste, on me demanda mes papiers. C'était là, la fin de ce voyage qui me menait vers d'autres horizons, vers d'autres épreuves. Ça y était : j'étais enregistré et je repris le chemin vers cette gare où un autre train m'attendait. Le train de la peur, le train de mon destin qui m’emmènerait vers ce fameux front de Verdun.
Anthony
9.
Je me réveillais en me demandant si ce n'était pas qu'un mauvais rêve dans lequel j’étais la cible. Une réponse rapide et brève m'arriva par des cris de soldats et l'odeur infâme que propageait la tranchée.
Ça faisait déjà un mois que je me réveillais ainsi, en me demandant également comment je pouvais être encore en vie.
Mes nuits étaient hantées par mes batailles des jours passés, les paysages saccagés, leurs vie et beauté arrachées pour devenir un lieu d'horreur où le temps semblait s'être arrêté, et par la vision de mes compatriotes, devenus mes amis, mourant sous mes yeux, puis sous mes pas, à devoir les enjamber lorsque j'étais dans l'obligation de continuer.
Jamais je ne devais m'arrêter, jamais revenir en arrière...
Mathilde
10.
2 août 1914 : La France est mobilisée
Pourquoi sont- ils mobilisés? La France entre en Guerre! Devant eux se trouvent les Allemands. Mon père comme ma mère partent. Mais pourquoi ma mère? Et bien, elle est infirmière et comme ils auront besoin de soins, alors elle est indispensable.
Et moi je me retrouve seule...
Heureusement, qu'ils ne partent pas trop longtemps. Comment je le sais? Une rumeur circule dans la ville, comme quoi les Allemands seraient nuls au combat.J'espère que ce n'est pas qu'une rumeur,comme ça je retrouverai mes parents au plus vite...
Ma mère a prévu que pendant qu'ils ne seront pas là, j'habiterai chez son amie d'enfance. De plus c'est la mère de ma meilleure amie!
Mais même si je suis très confiante pour cette guerre. J'ai quand même peur de ne plus jamais revoir mes parents...
Chloé
11.
Je vis les villageois en pleine préparation d’une fête qui se tenait tous les ans.
Les hommes préparèrent les bûches de bois pour allumer un grand feu.
Sur les tables autour de la fontaine, les femmes et les enfants s’activaient à mettre la nourriture et les boissons : viandes de la chasse, légumes de leurs propres jardins, fruits issus de la cueillette, et le fromage fait avec le lait de leurs chèvres, du vin.
Je n’avais jamais vu autant de nourriture depuis que j'étais parti à la guerre.
Quand tout fut prêt, tout le monde se réunit pour commencer le festin.
Dorian
12.
Ma permission à l’arrière venait de commencer. Ici, tout le monde vivait normalement, sans se soucier de la Guerre. Étais-je le seul à entendre le bruit des canons résonner ? Mes camarades étaient sans doute en train de mourir et moi j’étais là !
Chaque soir, j’allais me coucher avec cette terrible envie de retourner combattre. Une semaine passa avant que le lieutenant ne me rendît visite. Je fus complètement déboussolé et apeuré quand il m’apprit la mort de plusieurs de mes compagnons de guerre. Je n’arrivais plus à dormir. Une seule idée me trottait dans la tête, retourner combattre…
Mélina
13.
Un matin très tôt, j'entendis le lieutenant m'appeler, et il me dit avec sa voix grave : "Alex, c'est ton tour, c'est à toi de partir combattre ! Bonne chance !"
Anéanti, je partis faire mon sac, je dis au revoir à mes camarades, et je partis accompagné d'un de mes amis les plus proches. Dans ma tête je me répétais : "Bats-toi, on sera fier de toi !"
En marchant, on entendait de plus en plus au loin les coups de feu très répétitifs : en moins d'une minute, plus de cent coups de feu tirés.
Tiffany
14.
Ma main sur son coeur inactif, sa jambe sanglante à cause d'un éclat de shrapnell, il était méconnaissable. Ce fut en le ramenant du no man's land que j'y reconnus mon fils, mon propre fils déjà dévoré par les mouches.
J'eus un sentiment de vide, je m'effondrai en larmes. Je me demandais comment je pourrais annoncer à ma femme que notre fils unique était décédé à dix-sept ans.
Pauline
15.
Verdun,10 décembre 1916
« Il y a l'aube. Chaque jour, chaque matin, elle est là. C'est tellement beau et pourtant. A chaque jour qui passe, la mort approche, elle est déjà là. Il y a du bruit, un grondement sonore. Plus fort chaque jour. Et pourtant, à chaque jour qui passe, nous ne sommes pas morts. »
Voilà tout ce qui me reste de mon ami, mort. C'est devenu un mensonge. Et puis d'abord, qu'est-ce que ça signifie, la mort ? Partir ? Je ne sais pas. Il est mort lors d'un assaut. Pas moi. Pourquoi ? Pourquoi un homme est-il plus chanceux qu'un autre ?
Agathe
16.
Il devait être à peu près six heures du matin. J'essayais de me repérer grâce au lever du soleil, du moins de ce qu'on en voyait car le ciel était couvert de nuages causés par les fumées des obus envoyés par les soldats français et allemands .
Ces images dans ma tête n'étaient pas très claires, peut-être parce que je ne voulais pas qu'elles le soient .
Tant de familles surmontant de solitude au départ de leurs bien-aimés en espérant qu'ils reviennent un jour .
Cela me mit hors de moi, j'ai relevé la tête , regardé tout ces morts autour de moi , tout ce sang et repris mon courage à deux mains pour sauver notre France .
Logan
17.
Deux années que la guerre a commencé.
Deux années que règne le chaos, que la mort essaie de toquer à notre porte, que mes amis deviennent ma famille, mon seul réconfort. Mais ici chaque fois que tu t'attaches à cet ami il finit par disparaître, vaporisé par un obus.
La guerre, c'est celle qui te brise le cœur à en avoir le souffle coupé, celle qui te blesse et qui ne connaît que le meurtre, c'est celle qui tue une foule d'innocents qui comme moi n'ont rien demandé. La guerre c'est énormément de violence, de douleur physique et morale. La guerre, c'est celle qui me tuera et détruira un jour notre avenir.
Sarah.
18.
Réveillé par de violents bruits d'obus je me rends directement à mon poste, il est 7 heures du matin, aucun moyen de dormir avec toutes ces pensées qui me hantent chaque nuit et cette odeur horrible produite par les cadavres en décomposition.
La peur de mourir est chaque jour présente ; nous combattons sans répit, luttant contre la mort.
Nous nous demandons tous si nous reviendrons chez nous avec notre famille ; mais malheureusement certains soldats n'en reviendront pas, c'est comme cela que la guerre fonctionne.
Nous nous fatiguons de jour en jour et nos conditions de vie sont extrêmement dures.
Mes compagnons meurent, ma famille me manque, je leur envoie des lettres régulièrement, mais ils ne me répondent pas : ils me croient peut-être mort, je pense .
Dans un tel moment il ne faut jamais trop penser sinon l'ennemi en profite pour tirer.
Tout à coup les allemands passent à l'assaut, une vague géante et noire d'hommes apparaît et fonce vers nous . Certains soldats de notre front s'enfuient. Ces soldats n'ont pas compris que s'ils reculent c'est la mort assurée, ma seule décision est de garder les positions. Je dois absolument tuer un maximum d'allemands et surtout survivre, les seules raisons de ma présence.
Je tire à en faire surchauffer mon arme mais je manque de munitions, malgré ça je n'abandonne pas . Les tirs de canons s'enchaînent pour bloquer l'assaut allemand.
Les cadavres s'accumulent dans nos tranchées et dans le No man's land.
Des compagnons me disent de continuer et ne pas abandonner, puis c'était a notre de tour de contre-attaquer : notre commandant crie d'aller à l'assaut.
Avant d'y aller je recharge mes armes, je prends celle d'un cadavre allemand et je pars rejoindre les autres soldats .
Une pluie d'obus s'abat sur nous ; le seul moyen de survivre est d'avancer et d'éliminer le bataillon allemand.
Nous atteignons notre objectif, il reste quelques survivants allemands : l'un se tient devant moi à genoux, le commandant nous donna l'ordre de tous les abattre , les soldat me regardent avec des yeux suppliants.
Mon doigt s'enfonce lentement, petit à petit et soudain je l'enfonce complètement et son corps tombe lentement sur le sol .
Quelques heures plus tard nous faisons une pause : je pense à tout ce qui s'est passé cette journée .
Je me dis : "Et si ça avait été moi ?"
Marc-Aurèle.
19.
Je me réveillai brusquement. Je regardai l'heure, c'était l'aube. Je repensai à la lettre que j'avais reçue la veille au matin. Je ne savais pas si je devais lui en parler, elle me semblait si bien et si heureuse, malgré sa maladie ; j'écoutai son souffle, je me sentais tellement soulagé quand elle respirait sans effort. Je l'aimais tant. Je la laissai se réveiller calmement. Elle s'approcha de moi et m'embrassa sur le front. Elle avait des lèvres si douces que j'avais des papillons dans le ventre. Elle me donnait goût à la vie.
Karen.
20.
Soudain, je vis un lieutenant s'approcher. Je me demandais ce qu'il était en train d'accrocher sur le mur. On alla voir. C'était une affiche qui représentait un soldat armé d'un fusil, et le soldat semblait dire : "On les aura !"
Tout de suite, quand j'ai vu l'affiche j'ai su que tout était fini car je serais obligé d'aller combattre. L'ambiance dans la ville avait changé, elle était triste et sombre. Je me suis mis à pleurer en pensant que je n'allais peut-être plus jamais revoir ma famille.
Coraline.
21.
Cela fait un temps que je n'ai pas aperçu Mathieu ni Sacha : ils ont tous deux perdu leurs père au combat. Je ne saurais pas te dire si ils sont encore en vie. Maman m'avait dit que leurs mères avaient du mal à s'en remettre et que Sacha et Mathieu étaient livrés à eux-mêmes, mais depuis un certains temps nous n'avons plus eu de nouvelles d'eux. Vivement que cette satanée guerre s'arrête, plus les jours avancent, plus ton absence se fait ressentir ; mais ton absence est dû à une bonne cause, donc nous tenons le coup tant bien que mal. Je vois que le travail de maman à l'usine la fatigue de plus en plus et que son corps s'épuise. J'attends ton retour avec impatience papa, je sais qu'il redonnera le sourire à ma pauvre mère en souffrance. Nous redeviendrons une famille qui s'aime, une famille soudée.
Romaric